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Un article de Jean-Luc Caron

LE GAY PARIS DE JEAN FRANÇAIX

Indesens

(1912-1997) : Le Gay Paris, pour trompette et vents (1) ; Concerto pour clarinette et orchestre (2) ; Divertimento pour flûte et piano (3) ; Sonatine pour trompette et piano (4) ; Thème et variations pour clarinette et piano (5) ; Cinq Danses exotiques pour saxophone et piano (6) ; Divertimento pour basson et quintette à cordes (7). , trompette ; Octuor à vent de Paris, dir. (1). , clarinette ; , dir. Jean Françaix (2). Vincent Lucas, flûte ; Laurent Wagschal, piano (3). Eric Aubier, trompette ; , piano (4). Jean-Louis Sajot, clarinette ; Jean Françaix, piano (5). Nicolas Prost, saxophone alto ; Laurent Wagschal, piano (6). Lola Descours, basson ; Octuor de France (7). 1 CD Indésens ! Réf. : INDE045, code barre : 3 760039 839473. Enregistrements réalisés en 1992, 1996, 2012. Notice bilingue : français-anglais. Durée : 74’11

Avec deux parents musiciens et une très précoce immersion dans le monde de la musique, n’allait plus jamais le quitter et acquérir cette expression naturelle, animée et festive si caractéristique de son art centré sur le dominant plaisir offert aux auditeurs. A bien des égards et à juste titre on souligne sa filiation avec et. Ces liens rendent compte de tant de partitions emplies de délicatesse, d’élégance et de charme brillant. L’esprit dit français de son catalogue affiche une grande constance esthétique.

Né au Mans, c’est à Paris qu’il monte en 1922 pour travailler la composition auprès de la très réputée , puis le piano avec Isidor Philipp en 1926. Dès leurs exécutions publiques, ses premières musiques rencontrent le succès par leur raffinement et leur gaité. Sans limite et avec une apparente facilité il aborde tous les genres, charme de nombreuses oreilles et voit sa musique interprétée par des exécutants de premier plan. Dans les années 1940 son style tonal et dégraissé (néoclassicisme) ne correspond plus guère à la musique de l’après-guerre notamment en France (post-sérialisme, intellectualisme), car l’Allemagne lui réserve un accueil autrement plus positif. Mais au total sa musique est diffusée dans le monde entier et lui-même la joue partout au piano sur lequel il excelle. Il collabore avec la danse, le cinéma, l’opéra et surtout égaie les salles de concert et les programmations radiophoniques pendant plusieurs décennies. Sa constance stylistique et sa distanciation d’avec les modes et les chapelles expliquent l’homogénéité de son charmant catalogue. La présentation qui précède correspond fidèlement aux interprétations de très grande qualité présentes sur un CD qu’il faut découvrir.

D’excellents instrumentistes nous ravissent en exécutant cette musique sautillante et joyeuse. L’excellent clarinettiste , en compagnie de l’ dirigé par Jean Françaix lui-même, défend au mieux le Concerto pour clarinette et orchestre de 1967. La trompette d’ convainc aussi bien dans le Gai Paris (1975) avec l’Octuor à vent de Paris cette fois dirigé par Philippe Cuper que dans la Sonatine pour trompette et piano en compagnie de . Tous les autres musiciens, du même haut niveau technique et artistique, concourent à la pérennité d’une musique trop peu diffusée en France. Bravo !

 

Le néoclassicisme : l'heure de la réhabilitation

un article de Benoît Duteurtre

réalisé pour CLASSICA paru sur Qobuz

 

page concernant Jean Françaix


Jean Fran­caix (© Lido-Sipa)

JEAN FRAN­ÇAIX
La faute à son nom ?

 

Les Etats-Unis, la Grande-Bre­tagne, l'Al­le­magne consacrent cha­cun plus de concerts que la France au cen­te­naire de la nais­sance de Jean Fran­çaix. Un autre ou­blié...

 

Je garde un sou­ve­nir ému de mes ren­contres avec Jean Fran­çaix.

La pre­mière fois, je m'étais rendu chez lui pour l'in­ter­vie­wer à l'oc­ca­sion de ses quatre-vingts ans, et je m'éton­nais presque de dé­cou­vrir ce com­po­si­teur dont la presse mu­si­cale ne par­lait ja­mais. Ses œuvres avaient été jouées par les plus grands in­ter­prètes : Ka­ra­jan, Cluy­tens, Sa­wal­lisch, Prêtre. Il se payait le luxe d'être le mu­si­cien fran­çais le plus aimé en Al­le­magne, où les édi­tions Schott avaient pu­blié tout son ca­ta­logue. Pour­tant son nom res­tait ab­sent de nos ins­ti­tu­tions mu­si­cales. Comme il le re­mar­quait avec iro­nie : "Je suis un exilé de l'in­té­rieur, ra­vi­taillé par l'étran­ger."


UN AR­TI­SAN

Fran­çaix n'avait rien du poète mau­dit ni de la diva ai­grie. Il res­sem­blait plu­tôt à ces ar­ti­sans mu­si­ciens qui, un peu par­tout de­puis le XIXe siècle, culti­vaient leur mé­tier et se char­geaient de le trans­mettre. Son père avait di­rigé le conser­va­toire du Mans et cet en­fant de la balle ai­mait se dé­crire comme un mu­si­cien d'ins­tinct, sui­vant hum­ble­ment les mo­dèles de Mo­zart ou Schu­bert. C'était un mer­veilleux pia­niste — ses en­re­gis­tre­ments en té­moignent. Son refus ma­li­cieux des théo­ries mu­si­cales et des dis­cours es­thé­tiques ne l'em­pê­chait pas d'être un fils de la mo­der­nité, lui qui avait connu les en­cou­ra­ge­ments de Ravel avant de fré­quen­ter Pou­lenc et Stra­vinsky. D'ailleurs, re­mar­quait-il, "quand Stra­vinsky fait du faux Bach, c'est un Bach dia­bo­lisé qui n'a rien de néo­clas­sique".

Est-ce la faute de son nom ? Dans la deuxième moi­tié du XXe siècle, l'idée même d'être fran­çais ri­mait sou­vent avec la han­tise d'être "fran­chouillard". On consi­dé­rait avec mé­fiance un ar­tiste qui sem­blait culti­ver, dans des formes clas­siques, une fan­tai­sie hé­ri­tée de Cha­brier. Au contraire, en An­gle­terre, en Amé­rique, et sur­tout outre-Rhin, le monde mu­si­cal a tou­jours ap­pré­cié les com­po­si­teurs fran­çais pour cette sin­gu­la­rité. Jean Fran­çaix y est ap­paru comme le der­nier re­pré­sen­tant d'un art poé­tique, sen­sible et di­ver­tis­sant qui sé­duit les in­ter­prètes et le pu­blic et exas­père les théo­ri­ciens. Son vaste ca­ta­logue ex­plore toutes les for­ma­tions — si bien que n'im­porte quel so­liste a "son" mor­ceau de Fran­çaix !

Mais on au­rait tort de s'en tenir à cette vi­sion d'un ar­tiste fa­cile. Les Huit danses exo­tiques (1957) pour deux pia­nos s'ouvrent sur une po­ly­ryth­mie digne de Li­geti ; et le com­po­si­teur mon­trait un at­ta­che­ment par­ti­cu­lier pour sonApo­ca­lypse de saint Jean (1939) créée par Charles Münch. C'est aussi ce Fran­çaix in­at­tendu que le cen­te­naire de sa nais­sance (23 mai 1912) nous in­vite à re­dé­cou­vrir. Une oc­ca­sion de mé­di­ter la for­mule de Sacha Gui­try qui lui avait confié la mu­sique de Si Ver­sailles m'était conté en ajou­tant : " Im­pos­sible n'est pas de Fran­çaix."

Be­noît Du­teurtre


Le site Jean Fran­çaix cen­te­naire 2012 re­cense les nom­breux concerts consa­crés au com­po­si­teur en France et à l'étran­ger au cours de cette année an­ni­ver­saire.
Site of­fi­ciel Jean Fran­çaix

Mise à jour le Mercredi, 19 Décembre 2012 18:22
 

l’Oreille
en coulisse

JOURNAL DES CONSERVATOIRES DU GRAND PARIS SEINE OUEST

2012 - Centenaire Jean Françaix


Jean Françaix (1912-1997), compositeur de musique du XXème siècle, résida longuement à Vanves. Avant de devenir Conservatoire public, l'École de musique associative de Vanves portait son nom. Muriel Bellier, présidente du Cercle des Amis de Jean Françaix, raconte le parcours de ce grand musicien.
J’ai eu la chance de rencontrer ce grand Monsieur plein d’élégance, de charme et d’humour lors d’un concert donné dans un temple près de chez lui. Le programme était varié allant de ses Bagatelles au Concerto pour guitare en passant par son Concerto pour clavecin dont il tenait lui-même la partition. Jouer pour lui fût un grand plaisir. Pour découvrir et comprendre ce personnage, il suffit d’écouter ses compositions. On le retrouve derrière chaque note.
Né de parents musiciens, son père était directeur du Conservatoire du Mans et sa mère chanteuse. Il a toujours baigné dans un océan de musique. En classant ses partitions, on a trouvé une courte mélodie manuscrite avec une annotation « Jean 18 mois ». Il savait lire les notes bien avant les lettres. Pour lui, certaines personnes naissent compositeur. Ses dons exceptionnels sont très vite remarqués par Nadia Boulanger qui lui enseigne l’harmonie et le contrepoint. Elle deviendra sa seconde maman et il gardera une grande affection à son égard. Jean Françaix est également un ami fidèle notamment avec Francis Poulenc, Maurice Gendron, Sacha Guitry, Paul Valéry, Darius Milhaud…
Mais sa grande victoire se déroula au plan international. Il fut le compositeur le plus joué de son vivant et des chefs prestigieux servirent au mieux sa musique, tels que Marius Constant, Antal Dorati, Manuel Rosenthal, Charles Munch, Georges Prêtre ou encore Karajan. Jean Françaix eut la chance d’entendre la totalité de ses créations en concert. Mais son regret était d’être peu joué en France, ce qui ne le privait pas d’une certaine franchise : "On me donne la Légion d’honneur en France et l’on joue mes oeuvres à l’étranger. Qu’importe ! Elles sont jouées avec plus d’humour, dans l’esprit de leur composition et avec une mise en place excellente".
célébration
« J’AI 85 ANS, J’AI EU UNE VIE HEUREUSE"
C’est ainsi que Jean Françaix se confiait à sa cousine à l’été 1997, quelques mois avant sa mort.

 
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