Mardi, 29 Janvier 2013 18:01
Vendredi, 04 Janvier 2013 19:12
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LE GAY PARIS DE JEAN FRANÇAIX
Indesens
Jean Françaix (1912-1997) : Le Gay Paris, pour trompette et vents (1) ; Concerto pour clarinette et orchestre (2) ; Divertimento pour flûte et piano (3) ; Sonatine pour trompette et piano (4) ; Thème et variations pour clarinette et piano (5) ; Cinq Danses exotiques pour saxophone et piano (6) ; Divertimento pour basson et quintette à cordes (7). Eric Aubier, trompette ; Octuor à vent de Paris, dir. Philippe Cuper (1). Philippe Cuper, clarinette ; Orchestre de Bretagne, dir. Jean Françaix (2). Vincent Lucas, flûte ; Laurent Wagschal, piano (3). Eric Aubier, trompette ; Pascal Gallet, piano (4). Jean-Louis Sajot, clarinette ; Jean Françaix, piano (5). Nicolas Prost, saxophone alto ; Laurent Wagschal, piano (6). Lola Descours, basson ; Octuor de France (7). 1 CD Indésens ! Réf. : INDE045, code barre : 3 760039 839473. Enregistrements réalisés en 1992, 1996, 2012. Notice bilingue : français-anglais. Durée : 74’11
Avec deux parents musiciens et une très précoce immersion dans le monde de la musique, Jean Françaix n’allait plus jamais le quitter et acquérir cette expression naturelle, animée et festive si caractéristique de son art centré sur le dominant plaisir offert aux auditeurs. A bien des égards et à juste titre on souligne sa filiation avec Emmanuel Chabrier et Francis Poulenc. Ces liens rendent compte de tant de partitions emplies de délicatesse, d’élégance et de charme brillant. L’esprit dit français de son catalogue affiche une grande constance esthétique.
Né au Mans, c’est à Paris qu’il monte en 1922 pour travailler la composition auprès de la très réputée Nadia Boulanger, puis le piano avec Isidor Philipp en 1926. Dès leurs exécutions publiques, ses premières musiques rencontrent le succès par leur raffinement et leur gaité. Sans limite et avec une apparente facilité il aborde tous les genres, charme de nombreuses oreilles et voit sa musique interprétée par des exécutants de premier plan. Dans les années 1940 son style tonal et dégraissé (néoclassicisme) ne correspond plus guère à la musique de l’après-guerre notamment en France (post-sérialisme, intellectualisme), car l’Allemagne lui réserve un accueil autrement plus positif. Mais au total sa musique est diffusée dans le monde entier et lui-même la joue partout au piano sur lequel il excelle. Il collabore avec la danse, le cinéma, l’opéra et surtout égaie les salles de concert et les programmations radiophoniques pendant plusieurs décennies. Sa constance stylistique et sa distanciation d’avec les modes et les chapelles expliquent l’homogénéité de son charmant catalogue. La présentation qui précède correspond fidèlement aux interprétations de très grande qualité présentes sur un CD qu’il faut découvrir.
D’excellents instrumentistes nous ravissent en exécutant cette musique sautillante et joyeuse. L’excellent clarinettiste Philippe Cuper, en compagnie de l’Orchestre de Bretagne dirigé par Jean Françaix lui-même, défend au mieux le Concerto pour clarinette et orchestre de 1967. La trompette d’Eric Aubier convainc aussi bien dans le Gai Paris (1975) avec l’Octuor à vent de Paris cette fois dirigé par Philippe Cuper que dans la Sonatine pour trompette et piano en compagnie de Pascal Gallet. Tous les autres musiciens, du même haut niveau technique et artistique, concourent à la pérennité d’une musique trop peu diffusée en France. Bravo !
un article de Benoît Duteurtre
réalisé pour CLASSICA paru sur Qobuz
page concernant Jean Françaix
Jean Francaix (© Lido-Sipa)
JEAN FRANÇAIX La faute à son nom ?
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne consacrent chacun plus de concerts que la France au centenaire de la naissance de Jean Françaix. Un autre oublié...
Je garde un souvenir ému de mes rencontres avec Jean Françaix.
La première fois, je m'étais rendu chez lui pour l'interviewer à l'occasion de ses quatre-vingts ans, et je m'étonnais presque de découvrir ce compositeur dont la presse musicale ne parlait jamais. Ses œuvres avaient été jouées par les plus grands interprètes : Karajan, Cluytens, Sawallisch, Prêtre. Il se payait le luxe d'être le musicien français le plus aimé en Allemagne, où les éditions Schott avaient publié tout son catalogue. Pourtant son nom restait absent de nos institutions musicales. Comme il le remarquait avec ironie : "Je suis un exilé de l'intérieur, ravitaillé par l'étranger."
UN ARTISAN
Françaix n'avait rien du poète maudit ni de la diva aigrie. Il ressemblait plutôt à ces artisans musiciens qui, un peu partout depuis le XIXe siècle, cultivaient leur métier et se chargeaient de le transmettre. Son père avait dirigé le conservatoire du Mans et cet enfant de la balle aimait se décrire comme un musicien d'instinct, suivant humblement les modèles de Mozart ou Schubert. C'était un merveilleux pianiste — ses enregistrements en témoignent. Son refus malicieux des théories musicales et des discours esthétiques ne l'empêchait pas d'être un fils de la modernité, lui qui avait connu les encouragements de Ravel avant de fréquenter Poulenc et Stravinsky. D'ailleurs, remarquait-il, "quand Stravinsky fait du faux Bach, c'est un Bach diabolisé qui n'a rien de néoclassique".
Est-ce la faute de son nom ? Dans la deuxième moitié du XXe siècle, l'idée même d'être français rimait souvent avec la hantise d'être "franchouillard". On considérait avec méfiance un artiste qui semblait cultiver, dans des formes classiques, une fantaisie héritée de Chabrier. Au contraire, en Angleterre, en Amérique, et surtout outre-Rhin, le monde musical a toujours apprécié les compositeurs français pour cette singularité. Jean Françaix y est apparu comme le dernier représentant d'un art poétique, sensible et divertissant qui séduit les interprètes et le public et exaspère les théoriciens. Son vaste catalogue explore toutes les formations — si bien que n'importe quel soliste a "son" morceau de Françaix !
Mais on aurait tort de s'en tenir à cette vision d'un artiste facile. Les Huit danses exotiques (1957) pour deux pianos s'ouvrent sur une polyrythmie digne de Ligeti ; et le compositeur montrait un attachement particulier pour sonApocalypse de saint Jean (1939) créée par Charles Münch. C'est aussi ce Françaix inattendu que le centenaire de sa naissance (23 mai 1912) nous invite à redécouvrir. Une occasion de méditer la formule de Sacha Guitry qui lui avait confié la musique de Si Versailles m'était conté en ajoutant : " Impossible n'est pas de Françaix."
Benoît Duteurtre
Le site Jean Françaix centenaire 2012 recense les nombreux concerts consacrés au compositeur en France et à l'étranger au cours de cette année anniversaire. Site officiel Jean Françaix
Mise à jour le Mercredi, 19 Décembre 2012 18:22
Samedi, 08 Décembre 2012 16:44
l’Oreille en coulisse
JOURNAL DES CONSERVATOIRES DU GRAND PARIS SEINE OUEST
2012 - Centenaire Jean Françaix
Jean Françaix (1912-1997), compositeur de musique du XXème siècle, résida longuement à Vanves. Avant de devenir Conservatoire public, l'École de musique associative de Vanves portait son nom. Muriel Bellier, présidente du Cercle des Amis de Jean Françaix, raconte le parcours de ce grand musicien. J’ai eu la chance de rencontrer ce grand Monsieur plein d’élégance, de charme et d’humour lors d’un concert donné dans un temple près de chez lui. Le programme était varié allant de ses Bagatelles au Concerto pour guitare en passant par son Concerto pour clavecin dont il tenait lui-même la partition. Jouer pour lui fût un grand plaisir. Pour découvrir et comprendre ce personnage, il suffit d’écouter ses compositions. On le retrouve derrière chaque note. Né de parents musiciens, son père était directeur du Conservatoire du Mans et sa mère chanteuse. Il a toujours baigné dans un océan de musique. En classant ses partitions, on a trouvé une courte mélodie manuscrite avec une annotation « Jean 18 mois ». Il savait lire les notes bien avant les lettres. Pour lui, certaines personnes naissent compositeur. Ses dons exceptionnels sont très vite remarqués par Nadia Boulanger qui lui enseigne l’harmonie et le contrepoint. Elle deviendra sa seconde maman et il gardera une grande affection à son égard. Jean Françaix est également un ami fidèle notamment avec Francis Poulenc, Maurice Gendron, Sacha Guitry, Paul Valéry, Darius Milhaud… Mais sa grande victoire se déroula au plan international. Il fut le compositeur le plus joué de son vivant et des chefs prestigieux servirent au mieux sa musique, tels que Marius Constant, Antal Dorati, Manuel Rosenthal, Charles Munch, Georges Prêtre ou encore Karajan. Jean Françaix eut la chance d’entendre la totalité de ses créations en concert. Mais son regret était d’être peu joué en France, ce qui ne le privait pas d’une certaine franchise : "On me donne la Légion d’honneur en France et l’on joue mes oeuvres à l’étranger. Qu’importe ! Elles sont jouées avec plus d’humour, dans l’esprit de leur composition et avec une mise en place excellente". célébration « J’AI 85 ANS, J’AI EU UNE VIE HEUREUSE" C’est ainsi que Jean Françaix se confiait à sa cousine à l’été 1997, quelques mois avant sa mort.
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